Le Photographe et ses modèles. Deux conceptions de l'art d'observer se répondent dans ce livre : celle de George Stubbs, célèbre peintre de chevaux de l'Angleterre du XVIIIe siècle dont le chef-d'œuvre est le tableau représentant Whistiejacket, fameux pur-sang, et qui trône dans le salon de la famille Van Fleet ; et celle d'un photographe d'aujourd'hui, le narrateur du présent livre, Michaël, photographe de mode obsédé par les bouches et les fesses de ses modèles. Deux conceptions qui, partant de points de vue opposés, se rejoignent sur une position aussi trouble que cruelle. Pour Stubbs - dont le récit de la vie et des occupations sanglantes occupe la partie centrale du roman - la dissection était primordiale ; il fallait remonter de l'anatomie la plus effroyable pour parachever l'ordre pur de l'extérieur ; il fallait déchirer les chairs pour accomplir le plus beau des portraits. Pour Michaël, au contraire, la photographie est une investigation subtile qui part de l'apparence pour atteindre aux dérèglements intérieurs de chacun.
Comme dans La Patte du scarabée, une mort accidentelle sert d'entrée en matière : celle de Harold Van Fleet, tué par une ruade de son cheval préféré, Marcabru. Michaël, aux prises avec Alex, la veuve de Harold, avec Virgie, sa fille, et Buse, la maîtresse imposée aux Van Fleet, cherche des indices par le truchement des «images» ; des photos de famille jusqu'aux photos pornographiques, des portraits aux fantasmes sexuels, du réalisme à l'imaginaire.
La vie serait-elle une orange qu'on pèle ? Des riches couleurs extérieures aux sombres structures intérieures ? La photo permet-elle une dissection, une approche intériorisée, selon un cheminement - c'est le schéma même du roman - qui, partant de la photo de mode (le plus superficiel), nous emporterait aux limites de la mort (au plus intime des «modèles» de notre photographe) ? Sans doute. Et avec la pornographie comme avant-dernier indice.
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